CÔTE D’IVOIRE / INCLUSION FINANCIÈRE - APRÈS LE BILAN 2023, L’APIF CI ANNONCE LE DIAGNOSTIC DE SA STRATÉGIE NATIONALE
Le Comité National de Suivi et de Mise en Œuvre des Stratégies Nationales d’Inclusion Financière (CNSMO) de la Côte d’Ivoire, a tenu en mode hybride, sa septième réunion statutaire, le mardi 26 mars 2023, au siège de l’Agence de Promotion de l’Inclusion Financière de Côte d’Ivoire (APIF CI), sis au 9ème étage de l’immeuble SCIAM, à Abidjan-Plateau.
Cette rencontre des acteurs de la politique nationale d’inclusion financière s’est appesantie sur trois points majeurs :
-l’état de mise en œuvre des feuilles de route des Groupes de travail du CNSMO et les perspectives ;
-la présentation de l’approche méthodologique de la revue de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière ;
-la présentation des conclusions et recommandations des études menées par le Groupe d’Assistance aux Pauvres (CGAP) sur les réseaux d’agents mobile money dans les zones rurales en Côte d’Ivoire.
D’entrée, les Groupes de travail composant le CNSMO ont procédé à la présentation du bilan des activités menées en faveur du renforcement de l’inclusion financière au cours de l’année 2023 ainsi que, leurs perspectives pour l’année 2024.
De ces présentations, il en ressort plusieurs activités réalisées.
Pour le Groupe de Travail 1 relatif aux « Produits et Canaux de distribution », il a été mentionné entre autres activités réalisées au cours de l’année 2023, la réalisation d’une enquête en partenariat avec la BCEAO ayant permis de recenser les différents produits et services financiers de bases des banques, des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) et des assurances en Côte d’Ivoire. De cette enquête, souligne le représentant dudit groupe, un état des lieux et des propositions de solutions sont en cours de formulation pour faire correspondre les services financiers de base aux besoins et aux réalités des jeunes, des femmes et des populations exclues du système financier formel.
Quant aux perspectives pour l’année 2024, les activités du Groupe 1 seront entre autres, de proposer des solutions pour inciter les institutions financières à desservir davantage les populations dans les zones rurales ainsi que celles encore exclues du système financier formel.
Concernant le Groupe de Travail 2, dont la mission est de « promouvoir la finance numérique », il a été évoqué la mise à jour du baromètre sur les paiements marchands au cours de l’année 2023, réalisée avec l’appui du partenaire technique et financier onusien Better Than Cash Alliance (BTCA). Il ressort de l’étude que les indicateurs sont en constante évolution sur la période 2020-2022 avec le volume des paiements marchands en hausse de 32%, tandis que la valeur des transactions a progressé de 38%. Le nombre de commerces inscrits pour effectuer des transactions a augmenté de 113% alors que les transactions via mobile se sont accrues de 6% en volume et de 16% en valeur. En ce qui concerne les initiatives, au total 82% lancées par le secteur privé répondent aux quatre (4) défis identifiés en 2021. Ces initiatives portent sur les incitations financières pour le client (42%), les campagnes de sensibilisation (25%), l’amélioration de l’usage client par le déploiement massif du QR Code (17%).
Pour le secteur public, les initiatives sont relatives au développement de la plateforme Trésor Pay-Trésor Money, au projet la Carte du commerçant avec l’option de paiement électronique, à la libéralisation de l’accès aux codes USSD.
Quant aux perspectives pour l’année 2024, le Groupe 2 entend poursuivre le suivi de la digitalisation des flux financiers gouvernementaux et la mise en œuvre du plan d’actions pour l’accompagnement institutionnel des entreprises engagées dans la Finance Technologique, (Fintech).
Le Groupe de Travail 3 dont les attributions sont dévolues à l’« éducation financière et à la protection des clients », a mis en exergue entre autres réalisations, l’organisation de formation des formateurs sur les modules et outils d’éducation financière, la contextualisation et le déploiement de messages vocaux et de quizz de sensibilisation aux familles des zones cacaoyères de Soubré, à travers un partenariat tripartite incluant, le Bureau International du Travail (BIT), l’Agence Nationale de Développement Rural (ANADER) et l’APIF CI.
En ce qui concerne les objectifs visés en 2024, il est prévu la diffusion à l’échelle nationale, des modules d’éducation financière et l’intégration de ces modules dans les curricula d’enseignement et de formation allant de la maternelle à l’université.
Le groupe de travail 4, qui s’intéresse à l’« adaptation de la règlementation et de la politique fiscale, au contexte évolutif des systèmes financiers », a évoqué divers points. Il s’agit entre autres, de la dématérialisation effective de l’attestation d’assurance depuis le 1er janvier 2023 par l’Association des Sociétés d’Assurance de Côte d’Ivoire (ASACI) ; de l’adoption de la gratuité d’attribution des codes USSD pour la fourniture des services à valeur ajoutée par l’Autorité de Régulation des Télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) ; et de l’adoption du projet de loi relatif à l’activité d’affacturage par les députés de la commission des Affaires économiques et financières de l’Assemblée Nationale.
Pour les perspectives, le Groupe de Travail 4 envisage le suivi puis la vulgarisation du dispositif règlementaire sur les fintechs après sa mise en place, des propositions d’incitations à la finance islamique et le suivi de l’élaboration des projets de textes relatifs aux fonds nationaux d’appui à la fois, pour le développement des SFD et des produits de micro-assurance.
Le deuxième temps fort de la réunion du CNSMO a porté sur la présentation de la méthodologie et du chronogramme de la revue de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF 2019-2024).
Bientôt à échéance, la SNIF 2019-2024 fait l’objet d’une revue confiée au Cabinet conseils Horus Development Finance, à la suite d’un appel d’offre international émis en partenariat avec le Bureau régional Afrique et Moyen-Orient de l’Alliance pour l’Inclusion Financière (AFI), dont le siège est à Abidjan.
La mission principale d’Horus sera de faire un bilan de la mise en œuvre de la SNIF 2019-2024 et de dégager les recommandations et les orientations devant permettre l’élaboration d’une nouvelle stratégie nationale d’inclusion financière aux bénéfices des populations et de l’économie ivoirienne.
Selon le calendrier, allant de mars à mai 2024, Horus effectuera des interviews, des focus groupes et des missions de terrain pour évaluer l’efficacité des actions entreprises dans le cadre de la SNIF 2019-2024.
Les objectifs recherchés sont entre autres, d’identifier les obstacles à l’inclusion financière, d’analyser les impacts des mesures quantitatives et qualitatives mises en œuvre pour le développement économique, la réduction de la pauvreté et l’amélioration du bien-être sociétal.
La troisième phase majeure de la rencontre du CNSMO a consisté à la présentation des conclusions et recommandations issues des études menées par le Groupe d’Assistance aux Pauvres (CGAP) pour l’extension et la viabilité des réseaux d’agents mobile money dans les zones rurales en Côte d’Ivoire.
En effet, au cours d’un atelier de restitution organisé en partenariat avec l’APIF CI, le 05 octobre 2023, le CGAP a relevé en présence de l’ensemble des acteurs de l’inclusion financière les problématiques entravant la progression et la pérennité des activités du mobile money dans les zones rurales de Côte d’Ivoire.
La première étude portant sur l’allégement des mesures d’identification des agents et recommandations, vise à partir de l’évaluation des risques inhérents à la fonction des agents de mobiles money en milieu rural, à identifier, la catégorisation et la structuration de ces acteurs. Ceci dans le but de leur confier de manière graduelle et selon leur degré d’identification nationale, des montants de transactions. Plus spécifiquement, le débit des transactions d’une personne détenant un registre de commerce et une déclaration fiscale sera supérieur à celui ne disposant seulement que d’une carte d’identité et d’un certificat de résidence.
La seconde étude du CGAP porte sur la faisabilité d’un système de commissions différenciées pour les agents ruraux soutenu par un allégement de la fiscalité sur le mobile money. Elle met en évidence la question de la politique tarifaire des agents ruraux de mobile money et invite l’Etat et les émetteurs de money électroniques (eme) a plus de concessions. En effet, depuis la réduction à 1% des frais de retraits et de transactions, et en raison du peu d’affluence des populations rurales dans les points de vente, les agents de mobile money, desdites zones, perçoivent des commissions faibles sur chaque flux financier.
Par conséquent, par manque de fonds de roulement et au détriment des populations, ceux-ci ferment leurs agences de proximité dans les villages et campements. La progression de l’inclusion financière se voit par ricochet, compromise. C’est pourquoi, pour la viabilité de ces modèles économiques, le CGAP suggère un allègement fiscal pour la continuité à court et moyen termes, du mobile money en zones rurales.
En somme, la septième réunion du CNSMO a permis à l’ensemble des participants d’avoir un regard global sur la situation de l’inclusion financière en Côte d’Ivoire.
Monsieur BROU PATRICE, Directeur par intérim de l’Agence de Promotion de l’Inclusion Financière de Côte d’Ivoire (APIF CI), a sollicité davantage l’implication des parties prenantes dans le processus de consolidation des acquis de la politique d’inclusion financière. Il a également appelé ces derniers à plus de disponibilité dans le cadre des prochains entretiens qui vont sous-tendre le diagnostic prochain de la SNIF 2019-2024.
Pour rappel, les membres du CNSMO sont entre autres, issus de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), des associations professionnelles des banques et des systèmes financiers décentralisés (APBEF CI et APSFD CI), de l’Union Nationale des Entreprises de Télécommunication (UNETEL), de l’Autorité de Régulation des Télécommunication de Côte d’Ivoire (ARTCI), de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers (OQSF) ainsi que de plusieurs ministères techniques œuvrant de concert pour l’appropriation d’une meilleure politique nationale d’Inclusion Financière.