Thème: L'Inclusion Financière et le secteur bancaire en Côte d'Ivoire

Jeu 16 juillet 2020Classé dans ArticlesVue(s) 4056 fois

1- Quelles sont les initiatives du secteur bancaire en vue d’améliorer la politique d’Inclusion Financière en Côte d’Ivoire, au regard du taux actuel de 40%, dû principalement à l’activité du mobile money estimé à 19% ?

Je vous remercie pour l’opportunité que vous nous offrez d’éclairer un peu l’opinion publique sur les actions de la communauté bancaire en matière d’inclusion financière en général et d’inclusion bancaire en particulier. D’entrée de jeu, j’aimerais apporter une certaine correction à une pensée qui se diffuse dans l’opinion publique. Le taux de bancarisation élargi n’est pas le seul fait du mobile money étant donné qu’il n’y a pas de mobile Banking sans le support des banques. Nous travaillons ensemble, Emetteurs de monnaie électronique et Banques. Cela dit, répondre à la question de l’inclusion financière revient à segmenter le marché de la demande des services. Nous avons d’une part, le segment bancarisé constitué principalement des entreprises formelles et leurs salariés, et d’autre part, le segment non bancarisé qui abrite la majorité de la population en activité. Dans ce secteur, on retrouve les jeunes, les hommes, les femmes, le secteur informel en général et l’informel agricole en particulier. Les banques ayant pris la mesure des enjeux de l’inclusion ont initié en leur sein des projets en direction des jeunes (épargne élèves, étudiants), du secteur informel (start up). Ces initiatives ont permis notamment de porter de 16 à 19% le taux de bancarisation au sens strict. Le développement du self banking avec la possibilité d’ouverture de compte en ligne offre de nouvelles possibilités et réduit les coûts de structures, principal frein à l’ouverture de points de services dans les zones rurales. Enfin, en matière de sensibilisation, les banques organisent des actions en direction des populations dans leurs politiques clientèle et Marketing (sponsoring, publicité, etc.).

2- Quelle est l’implication du secteur bancaire dans la mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF 2019-2024) ?

Le secteur bancaire est présent depuis le début dans la stratégie nationale d’inclusion financière. En amont, le secteur bancaire a pris une part active aux travaux de la stratégie régionale d’inclusion financière dont la stratégie nationale est une déclinaison. Présentes lors des travaux d’élaboration de la SNIF, les banques suivent progressivement l’évolution de sa mise en œuvre, par la participation aux groupes de travail mis en place autour des axes de la SNIF. A côté de cela, le secteur bancaire participe chaque année avec le Trésor à une campagne de promotion de l’inclusion financière à l’intérieur du pays. L’APBEF-CI, la faitière des banques, organise des fora et des rencontres autour de la question et est à l’initiative de la « Finance s’engage », une plateforme de promotion du financement des PME. A ce titre, ce sont plus de cent PME qui ont été formées aux bonnes pratiques en matière de montage de projets. Relativement à l’éducation, à la littératie et la numératie financière, l’APBEF-CI a conçu des supports en direction du grand public. 

3-   Les banques sont généralement à tort ou à raison indexées pour les charges relativement élevées qu’elles appliquent à leurs clients. La SNIF prévoit justement dans son axe 4 et 5, une réglementation évolutive en vue d’aboutir à un cadre législatif adapté. Quelle sera donc l’implication des banques dans la mise en œuvre de ces deux axes importants ?

Sur cette question, je pense qu’il faut relativiser les choses. Vous devez savoir que le secteur bancaire ivoirien offre les taux les plus intéressants dans l’Union. C’est même à tort que les banques sont indexées quand on rapporte nos taux à ceux d’autres établissements de crédit (SFD notamment). Ce qu’il faut savoir c’est que le secteur bancaire est soumis à la stricte règlementation de la Banque Centrale qui a une vue communautaire. Un taux d’usure est fixé et le reste dépend de la convergence de facteurs multiples (analyse de risque, historique de l’entreprise ou du secteur d’activité, etc.) Les banques suivront toujours les conditions édictées par la Commission Bancaire.

4- Quelle politique de rapprochement banques-clients, l’APBEF-CI applique pour davantage améliorer le taux de bancarisation ?

Le rapprochement Banque-clients est le cœur de métier du banquier. Le client est la raison d’être du banquier et pour matérialiser cela, la totalité des banques a créé un département dédié aux PME à l’instar des départements dédiés aux institutions. Ces départements permettent aux banquiers de disposer d’un espace de rencontre avec cette catégorie de clients pour interagir dans les conditions optimales. Plus spécifiquement, certaines banques initient des campagnes ciblées en direction d’étudiants qui sont bancarisés et familiarisés aux services bancaires (épargne notamment). D’autres banques ont mis en place des produits pour les nouveaux fonctionnaires. L’objectif ici étant d’aider les nouveaux fonctionnaires, sans salaire, et en attente de leur rappel, à répondre à leurs besoins financiers.

Fermer